Instinct de survie
Il arrive que chez certains animaux, la plupart du temps des reptiles ou des oiseaux, la femelle se reproduise seule, et ponde un œuf fécondé, sans l'aide d'un mâle. Le petit est ainsi le clone de sa mère. C'est bien sûr de cette manière que se reproduit la majorité des Pokémon légendaires, puisqu'ils sont uniques. Mais ils ne peuvent pondre qu'un œuf, et usent leurs dernières forces pour le couver.
Rayquaza, qui sentait sa fin arriver, par instinct créa lui-même son œuf. Le corps de ce Pokémon étant trop fin pour garder l'œuf à l'intérieur, il pondu quelque chose de minuscule, d'à peine une dizaine de centimètres, qui grandirait sous sa désormais plus faible protection, et grâce à la chaleur, à l'intérieur du pilier. À la tombée de la nuit, l'œuf, verdoyant, semblable à une émeraude, se mit à briller dans le noir, attirant quelques insectes, que Rayquaza dévora. Ce système lui fournirait quelques forces en plus pour survivre. Le dragon épuisé s'endormit, réchauffant le petit œuf qu'il gardait dans ses pattes avant.
Mathieu ouvrit les yeux. Où était-il ? Il avait dû s'assoupir. Il se souvenait... Le Pokémon les tirant au large, lui, lâchant la canne à pêche, et son Pokémon à lui, le portant pour lui éviter la noyade. Justin le portait encore, mais avec difficulté. Le garçon avait de l'eau jusqu'au cou. Il avait froid, et le sel marin le piquait. Le soleil était déjà bas à l'horizon, et allait maintenant lentement commencer à descendre dans la mer. Mathieu regarda autour de lui. Il n'avait plus aucune idée d'où était Algatia. Le courant les avait portés encore plus loin. Mais il distinguait quelques rochers, à quelques dizaines de mètres. Il ne savait pas nager, et son Pokémon était sur le point de s'endormir, mais rien ne coûtait d'essayer. Sinon, ils étaient condamnés. Alors il essaya de nager. Il se mit à plat ventre, mais il avala un peu d'eau. Non, il n'y arriverait pas de cette manière. Il barbota, gagna un mètre, et épuisé par tant d'efforts presque inutiles, s'arrêta à nouveau. Le soleil rouge se reflétait sur la mer. C'était un magnifique couché de soleil. Mathieu et Justin continuaient à dériver. Ils risquaient de s'éloigner des rochers, de cette façon. Non, il fallait continuer et essayer d'avancer encore. Mathieu ferma les yeux, et écartant l'eau avec ses bras, encore légèrement porté par le Pokémon, mis toute sa force dans ses mouvements. L'eau éclaboussait son visage et le piquait, mais il n'arrêta pas pour autant. Il rouvrit les yeux. Cette fois, il s'était bien rapproché. Encore quelques mètres, et il pourrait y arriver. Justin gémit. « Allez Juju, encore un petit effort, on y est presque ! » Mais c'était trop demander. Le Yanma lâcha prise et se laissa tomber sur l'eau, flottant sur ses ailes. Mathieu, encore accroché aux pattes du Pokémon, fit tout pour remonter à la surface. Lorsqu'il perça la surface de l'eau, il se trouvait juste à côté de son Pokémon. « Ça ne se passera pas comme ça, Juju, on va s'en sortir, dit-il en claquant des dents, à cause du froid de l'eau. » Et attrapant une des pattes du Pokémon, ce qui lui permit encore de flotter, il rejoignit les rochers. Enfin, il put s'y agripper. Il escalada un des rochers, dont le sommet semblait assez plat et reflétait les derniers rayons de soleil. Il était maintenant complètement sorti de l'eau. Il saisit son unique Pokéball, espérant qu'elle fonctionnerait encore. « Juju, reviens ! » Pas de réaction. « Et zut, pourquoi faut-il que ce genre d'ennuis arrive toujours à moi. » Il rangea sa pokéball, retourna en bas du rocher, attrapa le Pokémon, presque aussi grand que lui, et essaya de le tirer hors de l'eau. Le Pokémon était assez lourd, mais l'eau réduisait son poids. Cependant, quelque chose l'accrochait. Il faisait nuit maintenant. Mathieu ne voyait plus ce qu'il faisait, il sentait juste les pattes solides du Pokémon dans ses mains. Une lueur rouge apparut dans l'eau. Mathieu poussa un cri et lâcha prise. C'était un tentacool qui s'accrochait au Yanma, comptant sûrement en faire son repas. Mathieu n'était pas de cet avis. Tâtant le rocher, il saisit un petit caillou, et le lança sur la tache rouge dans l'eau. Il y eut un petit bruit de choc. La lumière s'éteignit aussitôt. Mathieu put enfin sortir son Pokémon de l'eau. Il le posa aussi sur les rochers, et avant même d'avoir essiayé de penser à autre chose, s'endormi dans ses vêtements encore tout trempés.
Par temps d'été, la nuit est chaude en plus d'être humide, à Pacifi-ville. Seule l'eau paraît plus froide que le jour. Giovanni, Susan et Sirus embarquèrent sans bruit dans une petite barque, à rames, pour ne pas être repérés par leur bruit. La pleine lune éclairait la mer, plutôt calme. Une zone plus obscure, avec un ciel sans étoile indiquait le lieu que Giovanni comptait bien explorer. Ils se dirigèrent en silence, sans échanger un mot, vers cet endroit. La brume s'épaissit petit à petit autour d'eux, jusqu'à ce qu'ils n'y vissent plus rien. Ils se trouvèrent dans le noir, ne sachant que faire par peur de s'échouer sur les côtes rocheuses. Cela dura un moment, qui leur parut une éternité. Soudain, des lueurs rouges s'allumèrent dans les profondeurs de la mer. Une, puis deux, puis une dizaine de lampes, plus ou moins grosses et rouges, se rapprochant de la surface.
« Mon dieu, qu'est-ce que c'est ? » fit Sirus, anxieux.
Une de ces sphères rouges lumineuses creva l'eau, éblouissant les trois personnages, complètement perdus. Leur barque faillit chavirer lorsqu'un de ces monstres passa dessous. D'autres tentacruels et tentacools sortirent de l'eau, de plus en plus.
« Maître, que faire ? Nous n'allons tout de même pas utiliser nos Pokémon maintenant ! Il faut les garder pour le dragon !
— Ne bougez pas. Ne bougez surtout pas. Si ils nous voient, ils nous attaqueront, tous en même temps, et nous serons fichus. »
C'est alors qu'un hurlement déchirant l'air et faisant trembler la mer survint. Giovanni savait très bien à qui appartenait ce cri. Mais il ne dit rien. Les tentacools, quant à eux, frémirent, et s'enfoncèrent dans les abysses, apeurés, plus vite qu'ils n'étaient apparus. Leurs dernières lueurs permirent à Sirus de faire remarquer une île, quelques mètres devant eux, dont seuls un ou deux rochers pouvaient être distingués, dans la brume.
Il faisait très sombre, la lune apparaissait comme une tache blanche floue dans le ciel et sur l'eau. Aucune étoile, pas un autre bruit que celui des vagues s'écrasant sur les rochers. Ils débarquèrent sur une petite plage caillouteuse et sombre.